ARISTOTE -    La recherche de soi

 

La recherche de soi passe chez Aristote par une réflexion sur la finalité La finalité désigne la cause finale ou le but vers lequel tend une chose. Chez Aristote, tout être a une finalité qui correspond à l'accomplissement de sa nature propre. de l'Homme en accord avec une pensée finaliste La pensée finaliste, ou téléologie, désigne une manière d’expliquer les phénomènes en termes de finalité ou de but. Elle repose sur l’idée que tout ce qui existe dans la nature ou dans le monde a une raison d’être, une fonction ou une fin ultime qu’il cherche à accomplir. de la nature selon laquelle : "toutes choses existent selon une fin". Découvrir la finalité propre à l'Homme permet ainsi d'accomplir l'excellence propre à l'humain (sa vertu) et d'atteindre le bonheur. 

 

 

 

« De même, en effet, que dans le cas d’un joueur de flûte ou d’un artiste quelconque, et en général pour tous ceux qui ont une fonction ou une activité déterminée, c’est dans la fonction que réside, selon l’opinion courante, le bien, le " réussi ". On peut penser qu’il en est ainsi pour l’humain s’il est vrai qu’il y ait une certaine fonction spéciale à l’humain. Serait-il possible qu’un charpentier ou un cordonnier aient une fonction et une activité à exercer, mais que l’humain n’en ait aucune et que la nature l’ait dispensé de toute œuvre à accomplir ?    Mais alors en quoi peut-elle consister ? Le simple fait de vivre est, de toute évidence, une chose que l’humain partage en commun même avec les végétaux ; or ce que nous recherchons, c’est ce qui est propre à l’humain. Nous devons donc laisser de côté la vie de nutrition et la vie de croissance. Viendrait ensuite la vie sensitive mais celle- là encore apparaît commune avec le cheval, le bœuf et tous les animaux. Reste donc une certaine vie pratique de la partie rationnelle de l’âme, partie qui peut être envisagée, d’une part, au sens où elle est soumise à la raison, et, d’autre part, au sens où elle possède la raison et l’exercice de la pensée.   L’expression : vie rationnelle étant ainsi prise en un double sens, nous devons établir qu’il s’agit ici de la vie selon le point de vue de l’exercice, car c’est cette vie-là qui parait bien donner au terme son sens le plus plein . (…)                                           

S’il en est ainsi; si nous posons que la fonction de l’humain consiste dans un certain genre de vie, c’est-à-dire dans une activité de l’âme et dans des actions accompagnées de raison; si la fonction d’un humain vertueux est d’accomplir cette tâche, et de l’accomplir bien et avec succès, chaque chose au surplus étant bien accomplie quand elle l’est selon l’excellence qui lui est propre: — dans ces conditions, c’est donc que le bien pour l’humain consiste dans une activité de l’âme en accord avec la vertu et, au cas de pluralité de vertus, en accord avec la plus excellente et la plus parfaite d’entre elles Mais il faut ajouter "et cela dans une vie accomplie jusqu’à son terme", car une hirondelle ne fait pas le printemps et ainsi la félicité et le bonheur ne sont pas davantage l’œuvre d’une seule journée, ni d’un bref espace de temps ». Aristote Ethique à Nicomaque,  Livre I, chapitre 7