-       Rousseau a connu une enfance sans doute malheureuse avec ce qu’on pourrait nommer une « injustice du sort » : il n’a pas connu sa mère qui est morte quelques mois après sa naissance.  Son père qui est artisan horloger gagne correctement sa vie et décide de le placer dans plusieurs familles de l’aristocratie pour qu’il puisse recevoir une bonne éducation. Il découvre encore très jeune les inégalités sociales et les injustices morales qu’elles créent. Il est même accusé d’une faute qu’il n’a pas commise et est roué de coup par son oncle qui est venu « régler l’affaire ». C’est l’histoire du peigne cassé qu’il raconte dans les Confessions. (Livre I).

    

-       Jeune adulte, Rousseau lutte pour trouver sa place dans la société. Il tente divers métiers, notamment copiste et précepteur (professeur particulier) mais il rencontre des obstacles et est souvent confronté à l'injustice de la hiérarchie sociale.  Sa vie sentimentale est compliquée car il est amoureux d’une femme issue de l’aristocratie beaucoup plus âgée que lui. (Mme de Warens).

 

-       En 1750, Rousseau se rend à Paris, où il rencontra des philosophes dans des salons et se fait connaître par ses écrits. Il participe à un concours littéraire et gagne le premier prix pour son Discours sur les sciences et les arts (1750), il retente ce même concours lancé par l’académie de Dijon avec le Discours sur le l’inégalité (1755) mais son texte est rejeté car il déplait.  En 1762 Rousseau écrit :  Du contrat social œuvre qui énonce des principes politiques fondés sur la liberté et l’égalité des Hommes en opposition au système de l’Ancien régime. Ce texte de Rousseau reste le plus célèbre jusqu’à aujourd’hui.

 

-       Malgré ses succès, Rousseau a toujours connu des difficultés financières, il vit donc des aides de ses amis et protecteurs mais il a du mal à entretenir des bonnes relations avec son entourage. Il se sent souvent exclu et persécuté par ses contemporains, surtout en raison des réactions hostiles que son œuvre suscite. Son livre L’Emile (1762) qui porte sur l'éducation, est brûlé publiquement en raison de son contenu jugé subversif.

 

-       Le sentiment de persécution devient de plus en plus fort lorsqu’il vieillit ce qui le conduit à rechercher la solitude et à vivre éloigné des salons parisiens. Il meurt à Ermenonville en 1778 à l’âge de 64 ans.

 

 

           2 / Présentation du Discours sur l'origine et les fonde ments de de l'inégalité parmi les Hommes. 

 

 A/ Analyse du  titre :

 

Il est intéressant d’analyser le titre de l’œuvre qui indique le thème central : les inégalités et les deux questions qui vont être traitées concernant l’inégalité : celle de l’origine (la provenance, la source) et du fondement (la question de la légitimité, du bienfondé). En somme, Rousseau pose la question : « d’où viennent les inégalités ? » et « les inégalités sont-elles ( légitimes) ? ». 

 

Précisons que l''inégalité  représente une différence entre deux personnes ou deux groupes. 

L'inégalité peut être économique (richesses), politiques (différences des droits ) et sociale (différence de statut, de reconnaissance).    La question des inégalités est centrale car Rousseau vit dans une société inégalitaire avec une minorité de personnes très riches et  une majorité d'individus très pauvres; inégalités des droits liée à la société d'Ancien régime et inégalité sociale qui conduit à la dévalorisation de certaines personnes en raison de leurs conditions sociale. 

 

On peut d’ores et déjà indiquer les thèses que Rousseau soutient pour bien comprendre l’objectif de l'auteur dans son texte :

L'origine des inégalités:

 

 

Rousseau soutient que l'inégalité n'est pas une caractéristique naturelle ou inhérente à l'humanité, mais est plutôt le résultat de facteurs sociaux et historiques. Il existe certes des différences naturelles mais ce n’est qu’au sein de la société que ces différences se transforment en inégalité (par exemple être blanc ou noir est une différence, cela devient une inégalité dans une société raciste).

 

 Selon Rousseau l'inégalité sociale découle principalement de l'établissement de la propriété privée et de la mise en place des lois de l’Etat. Ces développements ont créé des divisions entre les riches et les pauvres, les puissants et les faibles, et ont introduit des systèmes d'oppression et d'injustice.

 

La légitimité des inégalités:

 

 

Le discours de Rousseau sur l'origine de l'inégalité vise à critiquer les structures sociales existantes de son époque, notamment l'inégalité économique et les privilèges accordés à l'aristocratie. Il met en évidence les conséquences négatives de cette inégalité, ainsi que les injustices qui en découlent.  

 

 En examinant les fondements de l'inégalité, Rousseau cherche à susciter une réflexion sur la possibilité d'un ordre social plus juste et équitable ; idées qu’il développera plus tard dans son œuvre Du contrat social.

 

 

B/ Le plan de l’œuvre

 

Pour démontrer ses idées Rousseau retrace l’évolution de l’Homme depuis l’Etat de nature, en passant par les premiers commencements de la société pour terminer avec le mise en place des lois de l’Etat. 

A chaque étape il décrit la vie de l’Homme et montre comment les facteurs sociaux modifie le comportement des individus.  Le texte s’apparente donc à une sorte d’histoire de l’humanité depuis ses origines.

Toutefois Rousseau met en garde le lecteur et indique que ses raisonnements sont des hypothèses, c’est donc une histoire reconstruite par des raisonnements plutôt que véritablement une enquête fondée sur des preuves historiques (d’ailleurs Rousseau explique assez justement que la science historique de son époque n’est pas encore assez précise et développée pour répondre à toutes les questions qu’il pose et qu’il doit donc reconstituer par le raisonnement ce que l’histoire ne peut pas lui apprendre).

 

La première partie du discours traite de l’Homme à l’état de nature (en dehors de toute forme d’existence sociale). On trouve un portrait physique et moral de l’Homme dans l’état de nature.

 

 La seconde partie du discours porte sur la vie de l’Homme dans la société.  On peut à l’intérieur de cette seconde partie distinguer plusieurs étapes : a) le commencement de la société ( la société naissante), puis b) la transformation de cette société en situation de conflit (un état de guerre) enfin c) l’établissement des lois et de l’Etat qui protègent les plus riches (ce qu’on appelle le pacte de  dupe car les plus riches font croire aux plus pauvres que les lois sont  faites pour les protéger ce qui n’est pas vrai).   

 

 

L’état de nature : Rousseau décrit l’Homme à l’état de nature comme un être  indépendant, libre, solitaire. Celui-ci a peu de contact avec ses semblables. Il n’est ni bon ni mauvais. Il vit des jours paisibles et heureux

 

 

La Société naissante :

C’est la période la plus heureuse de l’humanité. L’homme découvre les avantages de la vie en société (entraide, partage) sans en connaître les inconvénients

 

La situation de guerre :

L’appropriation des terres crée des inégalités, la société est alors divisée entre « riches » et « pauvres ». Les conflits et les guerres se multiplient.

 

L’Etat et les lois

Les plus riches doivent se protéger des attaques des pauvres et instaurent un pouvoir avec des lois. Ils utilisent la ruse et font croire que ces lois sont justes et utiles pour tous alors qu’elles sont en réalité uniquement créées pour les protéger. Face aux révoltes, les différents systèmes politiques se succèdent en conduisent la société vers toujours plus d’oppression.

 

L’évolution de l’histoire de l’humanité est donc décrite de façon négative : moins de liberté, plus d’injustice et de violence.  Pour sortir de cette situation Rousseau pense qu’il faut totalement refonder les lois de l’Etat, il esquisse à la fin de son œuvre des idées qu’il reprendra et développera dans son grand texte : Du contrat Social. 

 

Pour compléter ce cours, voir la vidéo suivante :

 

 

(3) Le mythe du bon sauvage (Rousseau et l'état de nature) - YouTube