FICHE DE Révision : La vérité
La vérité est un notion complexe que l’on définit dans son sens courant comme « ce qui correspond à la réalité », ou bien encore « ce qui est prouvé ». Mais ces définitions soulèvent elle-même des difficultés car « qu’est-ce que la réalité ? » et que signifie « prouver » ? Ainsi plusieurs critères ont été mis en avant pour tenter de caractériser cette notion. Quelle sont ces critères et quelle est leur portée ?
I/ Les critères de la vérité
A/ Vérité -adéquation
La vérité désigne l’adéquation de la pensée avec la réalité. Un énoncé est vrai lorsqu’il correspond à la réalité. C’est la façon la plus courante de définir la vérité. Elle s’oppose donc au mensonge, à l’erreur et à l’illusion. Lorsqu’une personne se trompe ce qu’elle pense ou ce qu’elle dit ne correspond pas à la réalité. « La première signification de Vrai et de Faux semble avoir son origine dans les récits ; et l’on a dit vrai un récit, quand le fait raconté était réellement arrivé ; faux, quand le fait raconté n’était arrivé nulle part. Spinoza, Pensées métaphysiques.
Cette conception de la vérité soulève cependant des difficultés dans la mesure où l’on fait appel à la notion de réalité qui est elle-même complexe. Elle devient difficile à utiliser lorsqu’il s’agit de théories scientifiques ou philosophiques pour lesquelles « la réalité » est déjà une représentation abstraite, une construction liée à l’activité de la pensée.
B/ Vérité -cohérence
Dans les sciences et les théories philosophiques, on utilise le critère de la cohérence, on parle alors de « vérité cohérence ». Une théorie ou plus largement une pensée est vraie dans la mesure où elle est cohérente, c’est-à-dire en accord avec les principes logiques. C’est cette définition de la vérité qu’on utilise dans les raisonnements mathématiques : Si A > B et si B > C alors A > C. La conclusion « A> C » découle de la seule logique. On n’a pas eu besoin de la « comparer » avec quoique ce soit. On pourrait ainsi admettre qu’une proposition est vraie parce qu’elle est déduite logiquement et est cohérente avec l’ensemble des connaissances que nous avons déjà démontrées. On nomme ces vérités déduites à partir d’un raisonnement logique des vérités de raison (#vérité de fait). Leurs conclusions sont considérées comme nécessaires et universelles par les philosophes rationalistes.
Toutefois ce critère de la cohérence peut lui-même être remis en question car il dépend entièrement de la logique or l’on sait que certains énoncés peuvent être cohérents sur le plan logique (vérité formelle) et pourtant ne pas s’accorder avec la réalité (vérité matérielle). Prenons un exemple avec le syllogisme suivant : « Tous les hommes sont immortels et Socrate est un homme donc Socrate est immortel ». La conclusion est cohérente, logique mais pourtant fausse car elle repose sur une prémisse erronée. La logique ne suffit donc pas à établir la vérité.
C/ Vérité et efficacité
Sans revenir à une conception « réaliste » de la vérité conçue comme adéquation avec la réalité, le courant philosophique du pragmatisme fondé par William James met en avant le critère de l’efficacité pratique. Un énoncé sera considéré comme vrai quand il peut être prouvé par ses effets pratiques. Prenons un exemple : si l’on pense qu’un médicament soigne une maladie, c’est bien parce que ce médicament a montré son efficacité en guérissant un grand nombre de personne. Cela renvoie à ce que l’on entend avec l’idée de preuve scientifique.
Toutefois ce critère ne peut être mis en œuvre que sur des énoncés dont on peut apporter une preuve expérimentale, ce qui exclu la psychologie et la métaphysique. En psychologie, un mensonge peut avoir plus d’efficacité pratique qu’une vérité.
II/ Les obstacles à la manifestation de la vérité
1/ Le dogmatisme.
C’est l’attitude qui consiste à affirmer une « vérité » sans preuve sur la seule base de convictions ou de croyances. L’attitude philosophique consiste à remettre en cause ces prétendues vérités et à distinguer l’opinions et la vérité. Socrate à « Croire savoir est la pire ignorance »
2/ Le scepticisme radicale
Le scepticisme c’est l’attitude qui consiste à douter. On peut distinguer deux formes du scepticisme.
Un scepticisme « modéré » qui est utile pour le progrès des sciences et de la pensée car il remet en cause nos certitudes, nos évidences. Cela oblige à davantage réfléchir et à apporter des preuves ou des arguments.
Scepticisme radical : illustré par le philosophe grec Pyrrhon, le scepticisme absolu remet en question toute possibilité de connaissance. Voir des précisions avec le trilemme d'Agrippa.
3/ Le relativisme
C’est la position selon laquelle la vérité est relative à chaque individu. Elle est soutenue par les sophistes et en particulier par Protagoras : « L’Homme est la mesure de toute chose » .
Le relativisme remet donc en cause l’existence de vérités universelles, valables pour tous les Hommes. S’il est vrai que le relativisme s’accompagne souvent d’une certaine tolérance envers toutes les formes de pensées ou de pratiques, il détruit le sens même d’une vérité qui en principe doit valoir pour tous. Dans la pratique, le relativisme ne distingue pas l’opinion et la connaissance ; il incite à recourir à la rhétorique pour persuader un individu ou à la démagogie pour influencer le peuple puisqu’il suffit de faire croire aux personnes qu’une opinion est vraie pour que cela devienne « leurs vérités ».
III La valeur de la vérité
Le relativisme et dans une certaine mesure le scepticisme radical remettent en cause la possibilité de l’Homme pour connaître la vérité cependant cette notion reste importante à la fois du point de vue de l’action et du point du vue moral. Ainsi la justice par exemple ne peut être établie sans connaître la vérité. De la sorte, la connaissance de la vérité reste l’horizon ultime de la recherche scientifique et philosophique.