FICHE REVISION : LE LANGAGE
Le langage tient une place centrale dans les relations sociales car il permet de communiquer avec autrui. Mais les mots que nous utilisons sont rarement « neutres » : le langage traduit donc implicitement une façon de voir le monde. Il a par conséquent des effets importants sur notre manière de penser et d’agir.
Quelles sont les caractéristiques du langage chez l’Homme ? Quel rôle joue-t-il ?
I Définition du langage
1/ Au sens large, le langage désigne tout système de signes permettant de communiquer. Pour assurer cette communication, trois éléments sont nécessaires : l’émetteur, le récepteur, le signal. (ex : le langage informatique permet à deux ordinateurs de communiquer).
2/ Dans un sens plus étroit, le langage c’est la faculté qui permet à l’Homme d’exprimer sa pensée à l’aide de signe. Le plus souvent nous utilisons des signes linguistiques (mots ou paroles) mais l’utilisation d’autres signes est possible (ex : les signes du langage du sourd et muet). à Un cas extrême : Helen Keller : sourde, aveugle et muette, elle parvient à communiquer à l’aide du toucher.
II/De la communication animale au langage humain
1/ La communication chez l’animal.
Tous les êtres vivants communiquent entre eux pour assurer la survie de l’espèce. Chez les animaux, le langage est composé de signaux naturels qui sont innés et communs à l’espèce. (Ces signaux peuvent être sonores, olfactifs, visuels, chimiques). à Une étude célèbre : la danse des abeilles de K.V Frich.
De manière générale, la communication chez l’animal est instinctive et exprime un état physique. A noter que cette forme de communication peut se retrouver à un certain niveau chez l’Homme. Ex : le cri qui exprime la peur ou la douleur.
On peut aussi noter que certaines espèces animales (chimpanzés) sont capables d’apprendre des signes pour communiquer avec l’Homme. ( à L’expérience réalisée avec un chimpanzé dénommé Washoe).
2/ Le langage humain
L’utilisation de signes pour exprimer la pensée est la caractéristique propre au langage humain. Le signe est une convention qui dépend de la société dans laquelle on vit. Le signe est donc nécessairement appris, (acquis et non inné) il traduit une pensée. Son utilisation est en règle générale consciente et intentionnelle.
3/ Les caractéristiques des signes linguistiques
L’utilisation de signes linguistiques (la parole et l’écriture) est l’une des caractéristiques les plus importantes de l’humanité. (indispensable pour transmission de la culture et de l’Histoire).
La linguistique est une discipline qui étudie les caractéristiques de signes linguistiques. Les linguistes ont mis en avant des caractéristiques imporantes.
A/ L’arbitraire du signe – (F De Saussure) – Le signe linguistique peut se décomposer en deux parties : le signifiant et le signifié. ( Le signifiant= le mot et le signifié = l’idée).
Le rapport entre le signifiant et signifié est arbitraire ( il n’y a aucun lien logique ou « naturel » entre les deux) ou encore conventionnel. C’est pas convention que le mot « table » désigne l’objet « table ». De plus le sens d’un mot dépend des autres mots avec lequel on l’utilise - le langage forme un système. (ex : le mot « sirène ». à Hier on a entendu la sirène des pompiers ; j’ai vu une sirène sur la plage) .
B/ La double articulation
Le linguiste Martinet insiste sur le caractère combinatoire du langage humain. Un cri ne peut pas être « décomposé » tandis qu’une phrase peut être décomposée en plus petites unités. Il en distingue deux :
Les monèmes = les plus petites unités linguistiques signifiantes (qui ont un sens). (Les monèmes ne correspondent pas forcément aux mots : « revenir » comporte deux unités de sens : « re » et « venir » ; venir pour la seconde fois).
Les phonèmes : les plus unités linguistiques non signifiantes. Cela correspond aux différents sons. Le terme « maison » comprend deux phonèmes (mai/ son). En français il y a une trentaine de phonème.
Ainsi à partir d’un nombre limité de sons, on peut composer un nombre pratiquement infini de mots et de phrases. C’est ce caractère combinatoire qui donne au langage humain la possibilité de s’enrichir sans cesse de nouveaux mots ou expressions.
II/ Langage et pensée
1/ Le langage nécessaire au développement de la pensée
Le langage apparaît comme étant indispensable au développement de la pensée. Apprendre à parler, c’est bien plus qu’apprendre des mots, c’est construire sa pensée et être capable de former des raisonnements, des argumentations, des démonstrations. C’est que soutient le philosophe Hegel : « c’est dans les mots que nous pensons ». Ainsi une pensée qui ne peut pas s’exprimer est une pensée encore à l’état de fermentation, c’est-à-dire qui n’est pas encore achevée. C’est le mot qui « concrétise » la pensée.
B/ Les limites du langage : la question de l’ineffable.
L’ineffable représente ce qu’on ne peut pas dire avec des mots. Parfois un sentiment, une douleur semblent si forts qu’aucun mot ne semble assez forts pour les exprimer. C’est ce que souligne Bergson pour qui le langage reste incapable d’exprimer fidèlement la réalité (d’abord la réalité de notre pensée mais plus généralement ce que sont les choses). Les mots en effet restent selon Bergson des abstractions qui permettent de désigner des catégories générales mais sans jamais rendre compte de l’individualité de chaque sentiment, de chaque situation ni de chaque chose de façon spécifique.
Voir très bonne analyse ici : https://www.youtube.com/watch?v=M6-L2M_7ysk)
C/ Comment dire ce qu’on ne peut pas exprimer avec les mots ?
L’Homme peut utiliser d’autres modes d’expression pour « dire ce que le langage ne peut pas exprimer » notamment avec l’art. On pourrait aussi se demander dans quelle mesure l’art est un langage.
III/ Langage et pouvoir
A/ La langage reflète les relations de pouvoir au sein d’une société.
Le sociologue P. Bourdieu montre qu’il existe enjeux de pouvoir dans l’utilisation du de la langue. Les dominants cherchent à imposer leurs langues. Les puissants ont le monopole de la parole légitime. Le langage reflète les hiérarchies sociales. (ex : vouvoiement, tutoiement ; temps de parole).
B/ Le langage, instrument de pouvoir et de domination
Depuis l’antiquité le langage est conçu comme un instrument de pouvoir qui permet de persuader les hommes et d’accéder au pouvoir en particulier dans une société démocratique où il faut être élu par le peuple. Ainsi la rhétorique l’art de bien parler à pris une importance considérable pour prendre et conserver le pouvoir. Les sophistes dans l’Antiquité enseignaient également des stratégies oratoires pour gagner les débats sans se soucier de la vérité ou de la morale.
C/ Le langage au cœur des échanges politiques
Si le langage peut servir des ambitions personnelles et aller dans le sens de la démagogie (flatter le peuple pour avoir son suffrage), il n’en demeure pas moins que dans une société démocratique, il doit conserver une place centrale pour débattre des sujets qui concernent la vie publique. Les conflits et les différents ne devraient plus conduire à la violence mais se résoudre avec le dialogue et le débat d’idée.